P.800 - §1 L'état marque une évolution utile de la civilisation ;
il représente le gain net que la société a retiré des ravages et des souffrances
de la guerre. Même l'habileté politique n'est qu'une accumulation de techniques
pour ajuster les rivalités de forces entre les tribus et nations en lutte.
P.800 - §2 L'État moderne est l'institution qui a survécu dans la
longue bataille pour le pouvoir collectif. Un pouvoir supérieur a finalement
prévalu et produit une créature de fait - l'État - avec le mythe moral que le
citoyen est absolument obligé de vivre et de mourir pour l'État. Mais l'État n'a
pas de genèse divine ; il n'a même pas été fondé par une action humaine
intelligemment voulue ; il est purement une institution évolutionnaire et a pris
naissance d'une manière entièrement automatique.
P.800 - §3 L'État est une organisation réglementaire territoriale
et sociale. L'État le plus fort, le plus efficace et le plus durable se compose
d'une seule nation dont la population possède un langage, des moeurs et des
institutions communes.
P.800 - §4 Les premiers États étaient petits et furent tous le
résultat de conquêtes. Ils ne naquirent pas d'associations volontaires. Beaucoup
furent fondés par des nomades conquérants qui s'abattaient sur de paisibles
bergers ou sur des cultivateurs établis pour les subjuguer et les réduire en
esclavage. Ces États résultant de conquêtes étaient obligatoirement stratifiés ;
les classes étaient inévitables, et les luttes de classes ont toujours été
sélectives.
P.800 - §5 Les tribus nordiques d'hommes rouges américains ne
réussirent jamais à s'organiser réellement en État. Elles ne progressèrent pas
au delà d'une vague confédération de tribus, une forme d'État très primitive.
Celle qui se rapprocha le plus d'un véritable État fut la fédération des
Iroquois, mais ce groupe de six nations ne fonctionna jamais tout à fait comme
un État et ne réussit pas à survivre parce qu'il lui manquait certains éléments
essentiels de la vie nationale moderne tels que :
P.800 - §6 1. L'acquisition et l'héritage de la propriété privée.
P.800 - §7 2. Des villes doublées d'une industrie et d'une
agriculture.
P.800 - §8 3. Des animaux domestiques utiles.
P.800 - §9 4. Une organisation pratique de la famille. Les hommes
rouges s'accrochaient à la famille maternelle et à l'héritage d'oncle à neveu.
P.800 - §10 5. Un territoire défini.
P.800 - §11 6. Un chef exécutif vigoureux.
P.800 - §12 7. L'esclavage des prisonniers - ils les adoptaient ou
les massacraient.
P.800 - §13 8. Des conquêtes décisives.
P.800 - §14 Les hommes rouges étaient trop démocratiques ; ils
avaient un bon gouvernement, mais qui échoua. Ils auraient finalement donné
naissance à un État s'ils n'avaient prématurément rencontré la civilisation plus
avancée des hommes blancs qui employaient les méthodes gouvernementales des
Grecs et des Romains.
P.801 - §1 La réussite de l'État romain fut basée sur :
P.801 - §2 1. La famille paternelle.
P.801 - §3 2. L'agriculture et la domestication des animaux.
P.801 - §4 3. La concentration de la population - les villes.
P.801 - §5 4. La propriété privée des objets et de la terre.
P.801 - §6 5. L'esclavage - les classes de citoyens.
P.801 - §7 6. La conquête et la réorganisation des peuples faibles
et arriérés.
P.801 - §8 7. Un territoire défini avec des routes.
P.801 - §9 8. Des chefs personnels et forts.
P.801 - §10 La grande faiblesse de la civilisation romaine, et
l'un des facteurs de l'effondrement final de l'empire, fut la prise de
dispositions soi-disant libérales et progressistes pour émanciper les garçons à
vingt-et-un ans et pour libérer inconditionnellement les jeunes filles en leur
laissant la faculté d'épouser un homme de leur choix ou de circuler dans le pays
en s'adonnant à l'immoralité. Le tort causé à la société ne provint pas de ces
réformes elles-mêmes, mais de la manière soudaine et générale dont elles furent
adoptées. L'effondrement de Rome montre à quoi l'on peut s'attendre quand un
État subit une expansion trop rapide accompagnée d'une dégénérescence interne.
P.801 - §11 L'État embryonnaire fut rendu possible par le déclin
des liens du sang au profit des liens territoriaux, et ces fédérations de tribus
étaient généralement cimentées fermement par des conquêtes. Un véritable État
est caractérisé par une souveraineté qui transcende toutes les disputes mineures
et les différences entre les groupes ; cependant, de nombreuses classes et
castes subsistent dans les organisations d'État plus tardives, comme vestiges
des tribus et clans des anciens temps. Les États territoriaux plus grands et
ultérieurs livrèrent une bataille longue et acharnée à ces groupes de clans
consanguins et moins nombreux, et le gouvernement tribal se révéla comme une
précieuse transition entre l'autorité de la famille et celle de l'État. Au cours
des temps plus récents, de nombreux clans prirent origine dans le commerce et
dans d'autres associations industrielles.
P.801 - §12 Quand l'État ne réussit pas à s'intégrer, il en
résulte une régression des techniques gouvernementales aux conditions
antérieures ; on en trouve un exemple dans le féodalisme du Moyen Age européen.
Durant cet âge de ténèbres, l'État territorial s'effondra ; on en revint aux
petits groupes des châteaux-forts et à la réapparition des clans et des stades
tribaux de développement. Des semi-États semblables existent encore maintenant
en Asie et en Afrique, mais ils ne représentent pas tous des régressions
évolutionnaires ; beaucoup forment les noyaux embryonnaires des États de
l'avenir.
P.801 - §13 Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un
produit de la civilisation et non de l'évolution. Allez lentement ! Choisissez
soigneusement ! Car voici les dangers de la démocratie :
P.801 - §14 1. La glorification de la médiocrité.
P.801 - §15 2. Le choix des chefs ignorants et vils.
P.801 - §16 3. L'incapacité de reconnaître les faits fondamentaux
de l'évolution sociale.
P.801 - §17 4. Le danger du suffrage universel aux mains de
majorités frustes et indolentes.
P.801 - §18 5. L'obéissance servile à l'opinion publique ; la
majorité n'a pas toujours raison.
P.802 - §1 L'opinion publique, l'opinion commune, a toujours
retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car, tout en freinant
l'évolution sociale, elle préserve la civilisation. L'éducation de l'opinion
publique est la seule méthode saine et sûre pour accélérer la civilisation. La
force n'est qu'un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera
d'autant plus accélérée que les balles de fusil céderont la place aux bulletins
de vote. L'opinion publique (les moeurs) est l'énergie fondamentale et
originelle dans l'évolution sociale et le développement de l'État ; mais, pour
avoir une valeur pour l'État, il faut que son expression soit dépourvue de
violence.
P.802 - §2 La mesure du progrès d'une société est directement
déterminée par le degré auquel l'opinion publique parvient à contrôler la
conduite personnelle et les règlements d'État sans recourir à la violence.
L'apparition du premier gouvernement réellement civilisé coïncida avec le moment
où l'opinion publique fut investie des pouvoirs du droit de vote personnel. Les
élections populaires ne décident pas toujours de la chose correcte à faire, mais
elles représentent la manière juste de commettre même une erreur. L'évolution ne
produit pas instantanément une perfection superlative, mais plutôt un ajustement
comparatif avec des progrès pratiques.
P.802 - §3 L'évolution d'une forme pratique et efficace de
gouvernement représentatif comporte les dix étapes ou stades suivants :
P.802 - §4 1. La liberté des personnes. L'esclavage, le servage et
toutes les formes de servitude humaine doivent disparaître.
P.802 - §5 2. La liberté mentale. À moins qu'une population libre
ne soit éduquée - qu'on lui ait appris à penser intelligemment et à faire des
projets sagement - la liberté fait généralement plus de mal que de bien.
P.802 - §6 3.Le règne de la loi. On ne peut jouir de la liberté
que si la volonté et les caprices des chefs humains sont remplacés par des actes
législatifs conformes à la loi fondamentale acceptée.
P.802 - §7 4. La liberté de parole. Un gouvernement représentatif
est impensable sans la possibilité pour les aspirations et opinions humaines de
s'exprimer librement sous toutes les formes.
P.802 - §8 5.La sécurité de la propriété. Nul gouvernement ne
peut durer longtemps s'il ne réussit pas à assurer le droit de jouir de la
propriété privée sous une forme quelconque. Les hommes ont le désir ardent
d'utiliser leurs biens personnels, d'en avoir le contrôle, de les donner, de les
vendre, de les louer et de les léguer.
P.802 - §9 6. Le droit de pétition. Un gouvernement représentatif
implique le droit pour les citoyens d'être entendus. Le privilège de la pétition
est inhérent à la libre citoyenneté.
P.802 - §10 7. Le droit de gouverner. Il ne suffit pas d'être
entendu. Il faut que le pouvoir de pétition progresse jusqu'à la direction
effective du gouvernement.
P.802 - §11 8. Le suffrage universel. Le gouvernement
représentatif présuppose un électorat intelligent, efficace et universel. Le
caractère de ce gouvernement sera toujours déterminé par le caractère et
l'envergure de ceux qui le composent. À mesure que la civilisation progressera,
le suffrage, tout en restant universel pour les deux sexes, sera efficacement
modifié, regroupé et différencié encore autrement.
P.802 - §12 9. Le contrôle des fonctionnaires. Nul gouvernement
civil ne jouera de rôle utile et efficace à moins que ses citoyens ne possèdent
et n'emploient de sages techniques pour guider et contrôler les détenteurs de
charges publiques et les fonctionnaires.
P.802 - §13 10. Des représentants intelligents et formés. La
survie de la démocratie dépend de la réussite des gouvernements représentatifs,
et cette réussite est conditionnée par la pratique de ne nommer aux charges
publiques que les individus techniquement formés, intellectuellement compétents,
socialement loyaux et moralement dignes. Ces dispositions sont indispensables
pour préserver le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
P.803 - §1 La forme politique ou administrative d'un gouvernement
a peu d'importance pourvu qu'elle fournisse les éléments essentiels du progrès
civil - la liberté, la sécurité, l'éducation et la coordination sociale. Le
cours de l'évolution sociale est déterminé par ce que l'État fait, et non par ce
qu'il est. Après tout, nul État ne peut transcender les valeurs morales de ses
citoyens mises en évidence par leurs chefs choisis. L'ignorance et l'égoïsme
assurent la chute d'un gouvernement, même du type le plus élevé.
P.803 - §2 Si regrettable que ce soit, l'égoïsme national a été
indispensable à la survie sociale. La doctrine du peuple élu a été un facteur
primordial dans la fusion des tribus et l'édification des nations jusque dans
les temps modernes. Mais nul État ne peut atteindre des niveaux idéaux de
fonctionnement avant que toutes les formes d'intolérance aient été maitrisées.
L'intolérance est éternellement l'ennemi du progrès humain ; la meilleure
manière de la combattre est de coordonner la science, le commerce, les
divertissements et la religion.
P.803 - §3 L'État idéal fonctionne sous la poussée de trois
puissantes impulsions coordonnées :
P.803 - §4 1. La loyauté bienveillante dérivée de la réalisation
de la fraternité humaine.
P.803 - §5 2. Le patriotisme intelligent basé sur de sages idéaux.
P.803 - §6 3. La clairvoyance cosmique interprétée en termes de
faits, de besoins et de buts planétaires.
P.803 - §7 Les lois de l'État idéal sont peu nombreuses. Elles ont
dépassé l'âge négatif des tabous pour entrer dans l'ère du progrès positif de la
liberté individuelle résultant d'une meilleure maitrise de soi. Non seulement un
État supérieur oblige ses citoyens à travailler, mais il les incite à utiliser
de façon profitable et exaltante les loisirs croissants dont ils peuvent jouir à
mesure que le progrès de l'âge des machines les libèrent des corvées. Les
loisirs doivent contribuer à produire aussi bien qu'à consommer.
P.803 - §8 Nulle société n'a progressé bien loin en autorisant la
paresse et en tolérant la misère. D'autre part, il est impossible d'éliminer la
pauvreté et la dépendance tant que l'on soutient largement des lignées tarées et
dégénérées, et qu'on leur permet de se reproduire librement.
P.803 - §9 Une société morale devrait viser à préserver le respect
de soi parmi ses citoyens et à fournir à tout individu normal des chances
convenables de réalisation de soi. L'adoption de ce plan d'accomplissement
social donnerait naissance à une société culturelle de l'ordre le plus élevé.
L'évolution sociale devrait être encouragée par une supervision gouvernementale
exerçant un minimum de contrôle réglementaire. Le meilleur État est celui qui
coordonne le plus en gouvernant le moins.
P.803 - §10 Les idéaux de l'État doivent être atteints par
évolution, par la lente croissance de la conscience civique, par la récognition
que le service social est une obligation et un privilège. Après la fin de
l'administration par les pillards politiques, les hommes commencent par assumer
les fardeaux du gouvernement comme un devoir, mais, plus tard, ils recherchent
ce ministère comme un privilège, comme le plus grand des honneurs. Le statut
d'un niveau quelconque de civilisation est fidèlement dépeint par l'envergure
des citoyens qui se portent volontaires pour accepter les responsabilités de
l'État.
P.803 - §11 Dans un État démocratique véritable, le gouvernement
des villes et des provinces est assuré par des experts et organisé exactement
comme toutes les autres formes d'associations de personnes dans les domaines
économiques et commerciaux.
P.803 - §12 Dans les États évolués, on estime que le service
politique représente le plus haut degré de dévouement de la citoyenneté. La plus
grande ambition des citoyens les plus sages et les plus nobles est de gagner la
récognition civile, d'être élus ou nommés à un poste gouvernemental de
confiance. Les gouvernements de ces États confèrent leurs plus hauts honneurs,
en reconnaissance de services, à leurs fonctionnaires civils et sociaux. Les
honneurs sont ensuite octroyés, dans l'ordre suivant, aux philosophes, aux
éducateurs, aux savants, aux industriels et aux militaires. Les parents sont
dument récompensés par l'excellence de leurs enfants. Quant aux chefs purement
religieux, ils sont les ambassadeurs d'un royaume spirituel et reçoivent leur
véritable récompense dans un autre monde.
P.804 - §1 L'économie, la société et le gouvernement doivent
évoluer s'ils veulent subsister. Les conditions statiques sur un monde
évolutionnaire dénotent la décadence. Seules persistent les institutions qui
vont de l'avant avec le courant de l'évolution.
P.804 - §2 Le programme progressif d'une civilisation en expansion
englobe :
P.804 - §3 1. La préservation des libertés individuelles.
P.804 - §4 2. La protection des foyers.
P.804 - §5 3. La promotion de la sécurité économique.
P.804 - §6 4. La lutte préventive contre les maladies.
P.804 - §7 5. L'instruction obligatoire.
P.804 - §8 6. L'emploi obligatoire.
P.804 - §9 7. L'utilisation profitable des loisirs.
P.804 - §10 8. Les soins aux malheureux.
P.804 - §11 9. L'amélioration de la race.
P.804 - §12 10. La promotion des sciences et des arts.
P.804 - §13 11. L'avancement de la philosophie - la sagesse.
P.804 - §14 12. L'accroissement de la clairvoyance cosmique - la
spiritualité.
P.804 - §15 Ces progrès dans les arts de la civilisation
conduisent directement à la réalisation des buts humains et divins les plus
élevés recherchés par les mortels - l'accomplissement social de la fraternité
des hommes et le statut personnel d'être conscient de Dieu. Ce statut se révèle
dans le désir suprême de chaque individu de faire la volonté du Père qui est aux
cieux.
P.804 - §16 L'apparition d'une fraternité authentique signifie
qu'un ordre social est arrivé où tous les hommes se réjouissent de porter les
fardeaux les uns des autres et désirent réellement pratiquer la règle d'or.
Toutefois, une telle société idéale ne peut voir le jour tant que les faibles et
les méchants ne cessent de guetter l'occasion de tirer des avantages injustes et
impies de ceux qui sont principalement poussés par leur dévouement au service de
la vérité, de la beauté et de la bonté. Dans cette situation, il n'y a qu'une
seule ligne de conduite pratique à suivre. Les adeptes de la règle d'or peuvent
établir une société progressiste dans laquelle ils vivront selon leurs idéaux,
tout en maintenant une défense adéquate contre leurs compagnons ignorants qui
pourraient chercher soit à exploiter leur prédilection pour la paix, soit à
détruire leur civilisation en progrès.
P.804 - §17 L'idéalisme ne peut jamais survivre sur une planète en
évolution si les idéalistes de chaque génération se laissent exterminer par les
ordres humains inférieurs. Le grand test de l'idéalisme est le suivant : une
société évoluée peut-elle maintenir un état de préparation militaire qui assure
sa sécurité contre toute attaque par ses voisins belliqueux, sans céder à la
tentation d'employer cette force militaire en opérations offensives contre
d'autres peuples en vue de bénéfices égoïstes ou d'agrandissement national ? La
survie nationale exige un état de préparation, et seul l'idéalisme religieux
peut empêcher de prostituer la préparation en agression. Seul l'amour (la
fraternité) peut détourner les forts d'opprimer les faibles.
P.805 - §1 La compétition est indispensable au progrès social,
mais, si elle est désordonnée, elle engendre la violence. Dans la société
actuelle, la compétition est en voie de remplacer lentement la guerre en
déterminant la place de chaque individu dans l'industrie en même temps qu'elle
décide de la survie des industries elles-mêmes. (Le meurtre et la guerre ont des
statuts différents devant les moeurs ; le meurtre a été mis hors la loi depuis
les premiers jours de la société, tandis que la guerre n'a encore jamais été
proscrite par l'humanité dans son ensemble.)
P.805 - §2 Un État idéal n'entreprend de régler la conduite
sociale que juste assez pour éliminer la violence dans la compétition
individuelle et pour empêcher l'injustice dans l'initiative personnelle. Voici
un grand problème pour les hommes d'État : Comment peut-on garantir la paix et
la tranquillité dans l'industrie, faire payer les impôts pour soutenir le
pouvoir de l'État et, en même temps, empêcher la fiscalité de handicaper
l'industrie, et l'État de devenir parasitaire ou tyrannique ?
P.805 - §3 Dans les âges primitifs de tous les mondes, la
compétition est indispensable au progrès de la civilisation. À mesure que
l'évolution des hommes progresse, la coopération devient de plus en plus
effective ; dans les civilisations avancées, elle est plus efficace que la
compétition. Les hommes primitifs sont stimulés par la compétition. L'évolution
primitive est caractérisée par la survie des êtres biologiquement valides, mais
la meilleure manière de promouvoir les civilisations ultérieures est la
coopération intelligente, la confrérie compréhensive et la fraternité
spirituelle.
P.805 - §4 Il est exact que la concurrence industrielle conduit à
des gaspillages excessifs et qu'elle est très inefficace, mais nulle tentative
pour éliminer cette perte d'activité économique ne devrait être encouragée si
les ajustements correspondants impliquent la plus légère atteinte à l'une
quelconque des libertés individuelles fondamentales.
P.805 - §5 L'économie d'aujourd'hui, motivée par la recherche du
profit, est condamnée, à moins que les mobiles de service ne puissent s'ajouter
aux mobiles de profit. La concurrence impitoyable basée sur l'intérêt égoïste à
vues étroites finit par détruire les choses mêmes qu'elle cherche à maintenir.
L'intention de rechercher exclusivement un profit pour soi-même est incompatible
avec les idéaux chrétiens - et bien plus encore avec les enseignements de Jésus.
P.805 - §6 Dans l'économie, la recherche du profit se situe, par
rapport à la recherche du service, à la même place relative que la peur par
rapport à l'amour dans la religion. Mais il ne faudrait pas détruire ou
supprimer brusquement la recherche du profit. Elle maintient assidument au
travail bien des mortels qui autrement seraient indolents. Elle stimule
l'énergie sociale, mais il n'est pas nécessaire que ses objectifs restent
perpétuellement égoïstes.
P.805 - §7 La recherche du profit dans les activités économiques
est entièrement vile et totalement indigne d'un ordre social avancé ; elle est
néanmoins un facteur indispensable dans les phases initiales de la civilisation.
Il ne faut pas enlever aux hommes le mobile du profit avant qu'ils aient
fermement incorporé des buts non lucratifs dans leurs efforts économiques et
leurs services sociaux - le besoin transcendant d'une sagesse superlative, d'une
fraternité fascinante et d'une perfection dans l'accomplissement spirituel.
P.806 - §1 Un État durable est fondé sur la culture, dominé par
des idéaux et motivé par le service. Le but de l'éducation devrait consister à
acquérir de l'habileté, rechercher la sagesse, réaliser son individualité et
atteindre les valeurs spirituelles.
P.806 - §2 Dans l'État idéal, l'éducation continue tout au long de
la vie, et la philosophie devient parfois la principale visée de ses citoyens.
Les membres d'un tel État démocratique recherchent la sagesse pour accroitre
leur clairvoyance concernant le sens des relations humaines, les significations
de la réalité, la noblesse des valeurs, les buts de la vie et les gloires de la
destinée cosmique.
P.806 - §3 Les Urantiens devraient avoir la vision d'une société
culturelle nouvelle et supérieure. L'éducation fera un bond et atteindra de
nouveaux niveaux de valeur lors de la disparition du système économique purement
basé sur la recherche du profit. L'éducation a été trop longtemps régionaliste
et militariste, exaltant l'ego et cherchant le succès personnel ; il faut
qu'elle devienne finalement mondiale et idéaliste, permettant aux individus de
s'épanouir et de saisir le point de vue cosmique.
P.806 - §4 L'éducation est récemment sortie de l'emprise du clergé
pour passer sous celle deshommes de loi et deshommesd'affaires.En fin de
compte, elle devra être confiée aux philosophes et aux savants. Il faut que les
éducateurs soient des êtres libres, de vrais meneurs d'hommes, afin que la
philosophie, la recherche de la sagesse, puisse devenir la principale visée de
l'éducation.
P.806 - §5 L'éducation, c'est l'affaire de toute la vie ; il faut
que l'éducation continue pendant toute lavie,defaçonque l'humanité acquière graduellement l'expériencedes niveaux ascendants de la sagesse humaine, qui sont les suivants :
P.806 - §6 1. La connaissance des choses.
P.806- §7 2. La réalisation des significations.
P.806 - §8 3. L'appréciation des valeurs.
P.806 - §9 4. La noblesse du travail - le devoir.
P.806 - §10 5. La motivation des buts - la moralité.
P.806 - §11 6. L'amour du service - le caractère.
P.806 - §12 7. La clairvoyance cosmique - le discernement spirituel.
P.806 - §13 Ensuite, grâce à ces accomplissements, nombre d'hommes s'élèveront au niveau ultime que le mental mortel puisse atteindre, la
conscience de Dieu.
P.806 - §14 Le seul caractère sacré de tout gouvernement humain est la division de l'État en trois domaines, ceux des fonctions exécutive,
législative et judiciaire. L'univers est administré selon un tel plan qui sépare les fonctions et l'autorité. À part ce divin concept de réglementation sociale ou de gouvernement civil efficace, peu importe la forme d'État qu'un peuple se choisisse, pourvu que la citoyenneté progresse toujours vers le but d'un meilleur contrôle de soi-même et de services sociaux accrus. L'acuité
intellectuelle, la sagesse économique, l'intelligence sociale et le courage moral d'un peuple se reflètent fidèlement dans l'aspect de l'État.
P.806 - §15 L'évolution de l'État entraine une progression de niveau en niveau comme suit :
P.806 - §16 1. La création d'un gouvernement triple ayant des départements exécutifs, législatifs et judiciaires.
P.806 - §17 2. La liberté pour des citoyens d'exercer des activités sociales, politiques et religieuses.
P.807 - §1 3. L'abolition de toutes les formes d'esclavage et de servitude humaine.
P.807 - §2 4. La capacité des citoyens à réglementer l'établissement des impôts.
P.807 - §3 5. L'instauration d'une éducation universelle -l'instruction depuis le berceau jusqu'à la tombe.
P.807 - §4 6. L'ajustement approprié entre les autorités locales et le gouvernement national.
P.807 - §5 7. L'encouragement de la science et la victoire sur la maladie.
P.807 - §6 8. La juste récognition de l'égalité des sexes et la fonction coordonnée des hommes et des femmes, au foyer, à l'école et à l'église, avec des services féminins spécialisés dans l'industrie et le gouvernement.
P.807 - §7 9. L'élimination de l'esclavage des corvées par l'invention de machines, et la maitrise subséquente de l'âge mécanique.
P.807 - §8 10. La victoire sur les dialectes - le triomphe d'un langage universel.
P.807 - §9 11. La fin des guerres - l'arbitrage international des différends raciaux et nationaux par des cours continentales de nations, coiffées
par un tribunal planétaire suprême recruté automatiquement parmi les chefs des cours continentales arrivant périodiquement à la retraite. Les décisions des
tribunaux continentaux sont exécutoires ; le rôle du tribunal mondial est consultatif - moral.
P.807 - §10 12. La tendance, dans le monde entier, à rechercher la sagesse - l'exaltation de la philosophie. L'évolution d'une religion mondiale laissant présager l'entrée de la planète dans les phases primitives d'ancrage dans la lumière et la vie.
P.807 - §11 Telles sont les conditions préalables d'un gouvernement de progrès et les marques distinctives d'un État idéal. Urantia est loin de la réalisation de ces idéaux élevés, mais les races civilisées ont fait leurs débuts - l'humanité est en marche vers des destinées évolutionnaires plus
hautes.
P.807 - §12 [Parrainé par un Melchizédek de Nébadon.]
Livre d'Urantia- Fascicule n°71